Le groupe Maho construit une gouvernance de transition
Publié le 12 mars 2024 à 14h00 dans Le Journal des Entreprises par Bertrand Tardiveau.
Positionné depuis plus de 60 ans sur un marché du bâtiment qui oscille aujourd’hui entre des chantiers à la peine et les injonctions d’une indispensable conversion écologique, le groupe Maho voit arriver à sa tête une 3e génération de dirigeants pour mieux sceller ses valeurs familiales dans la durée.
La boucle est presque bouclée. Près de 40 ans après avoir intégré la petite entreprise fondée en février 1962 à Saint Barthélemy par son père artisan maçon, près de 30 ans après en avoir pris les commandes, Thierry Maho devrait quitter ses fonctions à la barre du groupe familial en juin 2024. « Il faut savoir prendre du recul, même si au début c’est toujours un peu difficile », explique le dirigeant, âgé de 60 ans. C’est son fils cadet Pierre-Marie Maho qui doit prendre sa suite. Intégré aux équipes en 2019 après avoir validé un Master en management, le jeune homme s’est aguerri sur le terrain, gravissant les échelons pour aujourd’hui occuper la direction générale de l’entreprise. Une responsabilité qu’il assume à tout juste 30 ans. Tout comme l’a fait son père. « Lorsque j’ai repris l’entreprise en 1997, ce n’était pas tout à fait le même contexte », sourit Thierry Maho.
Les mises en chantier reculent
Spécialiste du gros œuvre en maçonnerie, la société employait alors une soixantaine de salariés. Un effectif qui a depuis triplé, atteignant aujourd’hui environ 180 collaborateurs, pour mieux accompagner une forte diversification des activités, avec la charpente, la couverture, les menuiseries et l’isolation notamment. » D’un point de vue comptable, malgré le dispositif Dutreil, il aurait mieux valu vendre l’entreprise, mais cette transmission va permettre d’enraciner l’histoire et l’identité de l’entreprise, » plaide le dirigeant éponyme. Le groupe Maho, c’est aujourd’hui un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros, et trois marchés distincts. Maho Bâtiment s’adresse aux professionnels (logements collectifs, ensembles tertiaires et bâtiments industriels) tandis que Maho Construction Rénovation est destiné aux particuliers. La marque Be Home est réservée à la réalisation de maisons individuelles, avec une approche différenciante axée sur la brique, un produit plus isolant que le parpaing et sur lequel Maho s’est positionné il y a une vingtaine d’années comme un pionnier en Bretagne. L’expansion de cette dernière a été faste avec encore récemment une cinquantaine de projets réalisés par an. Les activités de Maho connaissent depuis quelques mois un certain tassement. « Les taux d’intérêt sont devenus beaucoup moins avantageux pour les porteurs de projet et nous avons subi une hausse d’environ 25 % sur le coût des matériaux. Si le carnet de commandes reste convenable, la machine ne pouvait que se gripper », déplore Thierry Maho qui après avoir rogné sur les marges, accuse désormais un ralentissement des mises en chantier.
Défis écologiques
Certains contrats de travail ne pourront pas être renouvelés d’ici à la fin de l’année. Il reste qu’une forte attractivité de la Bretagne sur le marché immobilier et des besoins soutenus en matière d’aménagement, d’isolation et de rénovation énergétique devraient permettre à la société de relever progressivement la tête. Même si beaucoup de défis attendent encore le dernier élément de la dynastie Maho. « Beaucoup de textes législatifs s’additionnent aujourd’hui au risque de perturber l’exercice serein de nos métiers. Ainsi, la loi Mobilités va nous obliger à convertir à l’électrique un parc d’une centaine de véhicules », souligne l’actuel dirigeant qui espère que le secteur va gagner en visibilité dans son cadre normatif. « Nous mobilisons beaucoup de moyens et de temps pour expliquer et faire adopter les dispositifs d’aides à la rénovation énergétique. Il faut que ces derniers soient plus simples d’accès », reprend Thierry Maho qui entend préparer activement le zéro artificialisation nette ainsi que la diminution de 30 % des émissions carbone à l’horizon 2030.
Temps de formation aménagés
Implanté depuis 2006 à Baud, et rayonnant sur un arc allant de Rennes à Lorient en passant par Vannes, Maho entend cultiver ses valeurs familiales pour traverser ce moment délicat. « Nous n’avons pas de syndicalisme chez nous, mais le dialogue social est apaisé car nous sommes attachés à partager notre réussite par de l’intéressement et de la participation. Environ 20 % de l’actionnariat repose aujourd’hui dans les mains d’une quinzaine de salariés et anciens cadres du groupe », assure Thierry Maho qui vise aussi à conforter le parcours professionnel de ses collaborateurs et à capter de nouveaux talents à travers des temps de formation aménagés. Depuis quelques années, un ancien chef de chantier est aussi dédié à l’accueil des apprentis maçons pour mieux leur apprendre le métier.